mercredi 20 août 2008

Parlons-en...


Pesticides ou l’avenir de l’humanité en danger… *

Pesticides, produits phytosanitaires, produits phytopharmaceutiques, produits agropharmaceutiques ou tout simplement produits de traitement… ils sont tous des "poisons", utilisés pour tuer les insectes (insecticides), les herbes (herbicides), pour lutter contre certaines maladies (fongicides) ou tout simplement utilisés dans nos maisons, nos champs ou dans nos jardins afin de se débarrasser de certaines espèces animales nuisibles. De nombreux autres usages existent : l’entretien des routes, des aéroports et des voies de chemin de fer ; l’entretien des parcs et des jardins publics, les opérations de dératisation…

Quelle que soit le moyen d’épandage ou de pulvérisation utilisé, le lieu et le temps d’application d’un pesticide, seule une partie de la quantité épandue atteindra réellement l’herbe indésirable, l’insecte ravageur ou indésirable… bref la cible visée. Le reste du produit, presque 10% est diffusé dans l’air, dans l’eau ou dans le sol et peuvent affecter de par leur toxicité l’homme ainsi que toutes les espèces vivantes.
Nous aimons nos foyers, nos maisons avec leurs petits jardins, ce sont des refuges où nous sommes à l’abri du monde extérieur. Malheureusement, nous ne sommes certainement pas à l’abri des cancérogènes. Ceux-ci peuvent entrer dans nos foyers de plusieurs façons. En voici quelques-unes :

1 - Dans les insecticides et les herbicides que nous épandons sur nos pelouses et dans nos jardins et qui sont épandus sur les produits agricoles que nous consommons. L’herbicide 2,4-D (qui fait partie du groupe des herbicides chlorophénoxylés) a été classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) parmi les substances qui sont peut-être cancérogènes pour les humains. Le 2,4-D est produit et vendu sous la marque Roundup.

2 - Dans les produits de beauté, qui peuvent contenir différents cancérogènes tels que la diéthanolamine (DEA), le formaldéhyde et le talc contaminé à l’amiante. Les femmes courent plus de risques que les hommes parce qu’elles ont tendance à employer plus de lotions et de cosmétiques qu’eux. Il n’est pas question de cesser d’utiliser ces produits mais je pense qu’il est important d’être vigilant à ce qu’on emploie, autrement dit, s’informer pour que le regard ne soit pas barré par l’inattention, et surtout ne pas croire qu’on est à l’abri par rapport aux autres.

3 - Sous forme de contaminants de l’eau potable, comme par exemple l’arsenic et les trihalométhanes qui se forment à la décomposition du chlore qui est ajouté à la majeure partie de l’eau potable canadienne.
Selon le service statistique du ministère chargé de l’environnement, IFEN (Institut Français de l’environnement), la contamination des eaux par les produits phytosanitaires n’est pas négligeable, les résultats agglomérés au niveau français donnent les chiffres suivants :

=> pour les eaux de surface : 130 substances détectées au moins une fois, 70% des stations touchées ;
=> pour les eaux souterraines : 86 substances détectées au moins une fois, 53% des stations de mesures touchées.

Certains aliments préparés à base de viande contiennent des nitrites servant à les conserver et à leur permettre de garder plus longtemps leur couleur rose et leur apparence de fraîcheur. Les nitrites se combinent aux amines naturellement présentes dans la viande pour former de la N-nitrosodiméthylamine, classée par le CIRC parmi les substances probablement cancérogènes pour l'être humain.

Partout dans le monde, aux Etats-Unis, au Canada, en France, au Royaume-Uni, en Suède… des éminents chercheurs ont fait des études "alléchantes" et ont établi un lien entre l’exposition aux pesticides et le risque de cancer. Selon Isabelle Baldi de l’université Victor Sigalen de Bordeaux2, en ce qui concerne les effets à long terme des pesticides sur la santé, il y a trois grands domaines à explorer :

=> Cancers ;
=> Troubles neurologiques ;
=> Anomalies de la reproduction.

La santé environnementale est aujourd’hui une question sociale qui englobe tous les genres de substances cancérogènes : les polluants environnementaux, les cancérogènes dans les aliments, les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, les pesticides et les produits de consommation. Bien que nous devions changer ou modifier notre propre comportement, le principal outil pour lutter contre les cancers et diminuer les risques est le changement environnemental : des changements dans le milieu de travail et les conditions de travail, des changements dans la production alimentaire, dans nos maisons, dans la protection de l’environnement et des changements dans la recherche des solutions et des situations de prévention au sein de la société.

La perception du danger outre les aptitudes sensorielles, intellectuelles du sujet par rapport aux produits phytosanitaires est conditionnée essentiellement par le niveau de l’information de l’individu. Donc, il est clair qu’il est nécessaire de s’informer au sujet des produits chimiques et de leurs procédés d’emploi ; pour cela une discussion collective de tous les acteurs est incontournable afin de parvenir à réaliser ensemble le « demain désirable » si cher à notre ami Roch Jullien.

T.Chérif

* J'analyse l'épineux sujet des pesticides à travers une étude menée en partenariat avec le CNRS dans le cadre de mon stage de fin de cursus universitaire (Master 2 EGA - Université d'Artois)

NB : N’hésitez pas à vous informer davantage, car le sujet est compliqué et controversé, mais mérite une attention toute particulière.

http://naturopathie-psychotherapie.blogspot.com/2007_10_20_archive.html



mardi 5 août 2008

A la rencontre de...

photo © PF / Coeur d'Artois

L’Âne qui murmurait à l’oreille des Hommes…

Le titre est insolite, et l’image qui en découle, pour le moins surprenante. Et si c’était vrai ? Et si l’âne, objet de moquerie pour les uns, ou d’admiration pour les autres, nous donnait une petite leçon de vie du coin de l’oreille ?

Quentin du Ponchel, Macao du Bocage, Ugoline du Bouloud… Ces noms ne vous disent peut-être rien et pourtant, ils sont les acteurs pas ordinaires d’un petit territoire rural du Pas-de-Calais, le Pays du Ternois. Voyez ici que nous sommes légèrement sortis de notre périmètre d’observation habituel, le Pays d’Artois, pour nous rendre sur le territoire voisin. En effet, il est toujours appréciable d’observer ce que l’on n’a pas chez soi. Dans le langage territorial, on appelle cela du « benchmarking ». Et puis, remarquons également que le devoir de ce blog est de mettre en avant un ensemble d’initiatives ayant trait au développement durable. Pour le coup, avec l’association Au Pas de Cal’Anes, située à Le Ponchel, nous ne sommes en aucun cas hors-sujet. Explications.

L’histoire a commencé lorsque notre ami Anthony, m’a contacté dans le but de réaliser un article sur une association locale. Mais pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agissait de mettre en lumière une organisation aux actions multiples. De l’hébergement à l’animation touristique, de l’insertion sociale et professionnelle à l’asinothérapie, il y avait matière à dire et selon moi, un message fort à faire passer. C’est avec plaisir que je suis entré en contact avec Mr Germain Demoncheaux, président de l’association « Au Pas de Cal’Anes ». Nous nous sommes donc rencontrés récemment, Germain et moi, au siège de l’association, qui est aussi le domicile de ce grand homme, au demeurant sympathique et chaleureux.

Germain (au centre) et son équipe - photo © PF / Coeur d'Artois

Dans un premier temps, Germain est revenu sur les différentes étapes qui ont fait ce que l’association est aujourd’hui. Les premiers mots de notre interlocuteur fut d’emblée explicite : « un parcours du combattant ». Nous pouvons en conclure une nouvelle fois que l’on n’a rien sans mal, mais qu’avec du courage et de la volonté, on peut parvenir à réaliser de grandes choses. Le message est réaliste, dans l’ère du temps et il pousse, dès lors, à aller plus loin dans la compréhension. Créée en 2004, l’association a pour vocation première l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. En effet, si nos campagnes gardent un charme indéniable, nous ne pouvons nier l’apparition de problèmes majeurs durant ces dernières années : chômage endémique, difficultés d’insertion sociale et professionnelle des jeunes, désocialisation, illettrisme, manque de formation qualifiante…etc. De ce simple constat et afin de relancer une dynamique locale d’insertion, l’association a décidé de développer des activités et des actions en lien avec l’asinerie (élevage d’ânes) et l’accueil touristique (gîte rural). Ainsi, l’asinerie compte une dizaine d’ânes du Cotentin de pure race, utilisés pour les randonnées et l’attelage. Ces ânes ont une histoire et c’est avec une grande joie que les membres de l’association se changent en conteurs d’un jour, à travers quelques balades au cœur de l’Authie. Mais ce qui est d’autant plus intéressant à savoir, c’est qu’il y a une jonction entre l’asinerie et l’activité hôtelière développée également par l’association. En effet, le pivot du projet social menée par « Au Pas de Cal’Anes » est un gîte rural de grande capacité, situé dans une vaste propriété, au cœur du village. Il est reconnu par le Comité Départemental du Tourisme ainsi que par le Conseil Général du Pas-de-Calais, dont ce dernier est en charge des dossiers relatifs à l’hébergement touristique en milieu rural. Malgré tout, les dirigeants de l’association ont reconnu que le gîte n’avait pas pu être rentabilisé ces dernières années en l’absence d’une réelle demande d’hébergement touristique. Cette situation a poussé l’association à développer l’accueil des personnes handicapées, dont la demande est constante. Ainsi, le gîte bénéficiera, à partir d’octobre 2008 du label Tourisme et Handicap. Dès lors, la Fondation de la Caisse d’Epargne a déjà attribué à l’association une subvention de 30 000 euros dans le but d’effectuer les travaux d’accessibilité. A ce sujet, Germain m’a expliqué que l’association accordait une grande importance à travailler avec les Fondations (AG2R notamment, qui reste un partenaire actif) et qu’elle n’hésitait pas de ce fait à se positionner sur les différents appels à projets lancés par ces mêmes Fondations. Mais ce qu’il faut avant tout comprendre, c’est l’effort réalisé pour construire un projet global, dit "structurant". Pour ce faire, l’association démontre une grande capacité à mobiliser ses partenaires (Europe, Etat, Collectivités locales, organismes divers…), malgré sa petite taille. Germain m'a aussi confié qu'il se penchait actuellement, avec son équipe, sur un projet de resocialisation des personnes handicapées par le biais des loisirs et de la culture. Une manière d'aborder une nouvelle fois la solidarité intergénérationnelle, un des nombreux principes du développement durable...

photo © PF / Coeur d'Artois

A la suite de notre conversation, Germain a chargé Fanny, salariée en insertion, de me faire visiter l’asinerie. Ainsi, les écuries sont bien aménagées et représentent un lieu confortable pour ces bêtes à quatre pattes. J’ai pu découvrir également les nouveaux box, parfaitement isolés, avec ces nids d’hirondelles encastrés. J’ai ensuite eu la chance de rencontrer les ânes, les véritables stars de la maison, bichonnés comme jamais par toute l’équipe. Finalement, on se demande pourquoi l’âne est encore de nos jours un sujet de raillerie tant il suscite l’émerveillement chez les petits tout comme chez les grands. Et puis, il est bon de rappeler que l’âne peut être également un parfait thérapeute. Avez-vous déjà entendu parler de l’asinothérapie ? Avant de connaître l’association, j’avoue n’avoir jamais eu connaissance de cette pratique, et pourtant elle est une réalité à part entière. En 2007, suite à l’attribution d’une subvention du FSE (Fonds Social Européen), l’association a mis en place un projet s’intitulant : vaincre le handicap avec l’âne thérapeute. Ainsi, l’asinothérapie s’est inscrit au cœur de ce dispositif.

Notre histoire touche à sa fin. Je vous invite désormais à vous rendre sur le site officiel de l’association, de vous inspirer ainsi de ces diverses initiatives, et pourquoi pas de contacter les représentants de cette association, qui vous accueilleront à bras ouverts
:

http://www.aupasdecalanes.com/

photo © PF / Coeur d'Artois

Pour conclure, je tiens à remercier Anthony pour m’avoir mis en contact avec l’association. Je remercie également Germain pour son accueil et sa chaleurosité. Avec cette association « Au Pas de Cal’Anes », nous comprenons mieux le slogan « Penser global, Agir local », qui prend ainsi tout son sens…

Pierre